Ces dernières semaines j’ai eu l’occasion de me lever aux aurores pour faire un peu de radio sur les bandes basses. La première fois c’était pour un sked avec Vicenç de EA3WD, la deuxième fois juste parce que j’avais une insomnie. Trafiquer vers 3 heures du matin ne m’était plus arrivé depuis des années.
Par deux fois ça a été de très bonnes expériences du point de vue radio et j’ai accumulé bon nombre de QSO sur 80 mètres dans des conditions de trafic très confortables. Plus important à mes yeux, ces moments m’ont permis de retrouver des sensations que je n’avais plus ressenties depuis plus de dix ans, faisant remonter à la surface de délicieux souvenirs…
Je dois préciser que mon shack est à l’extérieur, sur la terrasse du deuxième étage de ma maison. Presque toutes les constructions alentours étant plus basses, je peux voir et entendre les activités à des kilomètres à la ronde. A noter qu’au Viêt-Nam nos maisons sont plutôt “ouvertes” pour éviter les problèmes d’humidité, et qu’un bébé qui pleure dans le voisinage s’entend si vous tendez l’oreille.
Contrairement à ce qui se passe même tardivement en soirée, entre 3 heures et 5 heures tout est parfaitement calme. Ce qui est vraiment rare pour le Viêt-Nam où la notion de silence est relative car pour les bouddhistes le silence attire les esprits maléfiques. Trafiquer à ce moment là en télégraphie, avec juste le son d’une station lointaine arrivant dans les écouteurs, donne une sensation très particulière : celle de se retrouver sur une île avec juste un fil ténu flottant dans l’éther vous reliant à un autre OM, une autre île à 10 000km de là.
Autre sensation étrange, celle d’entendre le soleil se lever avant de le voir. Les signaux stations japonaises devenant de plus en plus forts avant de s’éteindre presque abruptement. Quelques instants plus tard c’est à mon tour de bénéficier du pic de propagation au lever du soleil pour boucler quelques QSO avec l’Europe en échangeant des reports 599 pour une fois largement mérité. Et enfin le soleil darde ses premiers rayons, et le niveau sonore du voisinage qui monte d’un cran car pour tous c’est l’heure du réveil… il est déjà 5h30 et j’entends Paul et Gilles qui jouent dans leur chambre en attendant que je vienne les chercher pour le petit-déjeuner.
Un peu plus tard en buvant mon café, cela m’a rappelé les concours VHF que nous faisions sur les points hauts avec les copains du Nord il y a plus de dix ans. En particulier un matin ou à l’aube Guy et moi nous retrouvions en haut du Mont des Cats à regarder la plaine pendant que les copains tenaient la station placée dans son camping-car. La brume envahissait les villages alentours et seul un ou deux clochers submergeaient (dont ceux de Caestres et Méteren mais c’est une autre histoire). Guy m’avait alors dit en regardant les vagues formées par les nuages que nous surplombions : “Cette nuit sans vous le dire j’ai pris le volant et je vous ai amené sur la côte. La mer est calme ce matin, non ?“. Cette sensation d’être sur une île était alors aussi visuelle.
Une réflexion sur « Etre sur une île »
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