Il y a quelques temps j’avais écrit plusieurs articles pour Radioamateur Magazine de F1FYY. Ce magazine n’étant plus disponible à la vente, je trouve dommage que certains articles soit perdus. Les articles d’actualité écrits alors n’ont pas d’intérêt particulier pour les lecteurs du blog, mais d’autres articles plus généraux ou au contraire plus pointus seront reproduits dans les semaines qui viennent.
Le premier est un compte-rendu de lecture du premier livre de W9KNI. Depuis j’ai relu ce livre plusieurs fois et les commentaires que j’en ai fait me paraissent toujours valables.
Lu pour vous : « The Complete DX’er »
Le DXeur accompli, par Bob Locher de W9KNI
(http://xv4y NULL.radioclub NULL.asia/wp-content/uploads/2014/02/The-Complete-DXer NULL.jpg)Tout d’abord, une chose importante à dire à propos de ce livre : c’est tout simplement un bon bouquin. Je veux dire par là, ce n’est pas seulement un bon bouquin de radio, mais un bon livre tout court. Bien écrit, intéressant de bout en bout, apportant nombre d’informations et d’anecdotes personnelles, et surtout sachant tenir en haleine le lecteur. Je l’ai vraiment dévoré et ses 223 pages n’ont pas tenu beaucoup plus d’une semaine.
Chaque chapitre terminé donne envie de courir au shack pour allumer les équipements et nous aussi trouver l’oiseau rare qui se niche dans un recoin de la bande. Accessible en lecture à toute personne comprenant notre passion même sans y adhérer, c’est à livre à prêter à vos amis. Ne rêvez toutefois pas de réussir à convaincre votre belle-mère de vous accompagner dans une expédition à Crozet grâce à lui!
Bob Locher se considère lui-même comme un DX’er accompli, n’hésitant pas à se lever à des heures indues pour chasser l’indicatif rare qui lui manque. Pourtant c’est sans aucune condescendance qu’il nous parle de sa passion et qu’il livre une partie des secrets qui lui ont permis d’arriver là. Il est aussi à noter que l’anglais « complete » contient une petite touche d’ironie absente de la traduction française du titre.
Bob dispose d’un palmarès impressionnant, acquis selon lui grâce à beaucoup de travail et une volonté permanente de s’améliorer. Si aujourd’hui il a écrit un livre dans lequel il donne son avis sur ce qu’il faut faire pour atteindre le St-Graal qu’est l’Honor-Roll du DXCC, c’est qu’il a trébuché et peiné avant d’atteindre le niveau de technique qu’il a maintenant. Sa devise pourrait être « Apprendre, toujours apprendre », à chaque échec se demander pourquoi on a failli. Cette devise est valable pour le DX, mais aussi pour toute activité.
Au fil du livre on passera en revue les habiletés qu’un bon opérateur DX doit posséder pour réussir les QSO les plus difficiles et Bob livrera certains de ses « trus et astuces » pour réussir à sortir d’un pile-up ou chasser avec succès la station rare qui se cache et évite les foules avides de contrées exotiques. On étudiera aussi les éléments qui permettent d’avoir la meilleure station du fauteuil jusqu’à l’antenne en passant par le choix du QTH. Loin d’établir un catalogue technique, Bob donne les moyens de faire le choix, les clefs pour apprendre et progresser.
Loin d’être élitistes, ses conseils s’adressent tant au chanceux qui dispose d’une ferme d’antenne en haut d’une colline qu’à l’OM moins bien loti qui installe ses antennes comme il le peut sur son balcon. Il est aussi très réaliste sur le fait que le DX est souvent un travail de groupe et que l’intérêt qu’il peut avoir à contacter un OM dans un pays rare est rarement réciproque : l’OM en question aillant peu d’intérêt à contacter un américain parmi des milliers. Il apporte aussi sa rétribution au travail des scientifiques et autres DX’er occasionnels qui émettent depuis les îles les plus isolées avec des moyens simples et une technique opérationnelle parfois limitée mais sans lesquels l’activation de tels indicatifs rares serait impossible.
Dans cette troisième édition Bob revient aussi sur un phénomène qui selon lui va vers l’appauvrissement du DX : le cluster. Beaucoup d’OM actuellement n’allument leur transceiver que si leur DX Cluster les a beepé pour annoncer une nouvelle DXpédition sur l’air. L’art du DX tel que le conçoit Bob est à l’exacte opposée : de l’écoute, toujours de l’écoute, et encore de l’écoute. Il n’hésite pas non plus à avouer qu’après avoir opérer pendant des années avec 1kW, il s’est découvert une seconde jeunesse dans le QRP, puis pratique maintenant le trafic QRQ. Bien utiliser son matériel, ne mettre en marche le linéaire que quand nécessaire, écouter et émettre au bon moment, ne pas oublier que pour faire un QSO il faut être deux à avoir envie de se contacter, sont pour lui les clefs du succès dans la carrière d’un DXeur mais aussi faire tout simplement que le plaisir dure et soit renouvelé à chaque QSO.
Bob est principalement un opérateur CW, mais la plupart des informations du livre s’adressent aussi à l’opérateur Phonie. Certaines remarques sont d’ailleurs particulièrement orientées vers la BLU. De plus, quand il parle de la CW et des avantages indéniables qu’elle donne pour le DX, il vous fait surtout regretter de ne pas avoir persévérer plus dans l’apprentissage de la télégraphie, sans aucun dogmatisme. (NDR : Ca y est, je me suis remis à l’apprentissage de la graphie après 15 ans d’éloignement. Merci Bob!).
Bon, c’est vrai que le livre est en anglais et que pour beaucoup ce sera un handicap à sa lecture. Parlons franchement, bien qu’étant un livre orienté technique et écrit de manière très fluide, il nécessite un bon niveau d’anglais (meilleur que pour une notice de kit mais moins bon que pour un roman de John Le Carré). Aux OMs qui hésitent, je dirais que pour 20 USD (plus 7 USD de port), prenez le risque. Avec un peu de persévérance vous y arriverez certainement et le plaisir que vous en tirerez sera d’autant plus fort. Si vous n’accrochez pas à lire dans la langue de Shakespeare, ce n’est pas grave, le livre se revendra très vite sur eBay…
C’est en effet LA bible du DXer, et je l’ai lue et relue il y a bien longtemps.
Sûr que le système du cluster a bien changé les choses, mais en QRP ça a moins d’importance.
Et puis les spots défilent vite : Etant en FO avec un KX3, il m’est parfois arrivé d’être victime de pile-ups, bien-sûr complètement désordonnés, mais ils se sont vite arrêtés …quand mon indicatif a disparu de la fenêtre du cluster ! Une fois disparus les chasseurs d’indicatifs, il reste cependant quelques OMs avec qui on peut tenir un QSO intéressant, mais j’avoue qu’ils sont de moins en moins nombreux.
D’ailleurs, dans la profusion des sous-bandes, je rêve d’un “coin” où on puisse bavarder tranquillement (am : ragchew)
De retour à la maison, le PA du K2 est rarement utilisé, et je prends de plus en plus de plaisir au QRP ; c’est fou ce qu’on peut faire avec 1W, et notammer tailler une bavette sans complexe 🙂
Bonjour Jean-Marc,
Passer en QRP permet effectivement de “sélectionner” ses QSOs.
Le cluster est là, comme les skimmers, et il faut faire avec. C’est la modernité…
Par contre il a pour moi deux effets néfastes qui m’irritent : ce qui appellent “en aveugle” (sans vous entendre et donc sans possibilité de QSO car ils vous ont juste vu sur le cluster) et le fait que les gens passent moins de temps à “écouter la bande” qu’autrefois.
73,
Yan.
Le tout est d’aller sur les fréquences d’appel QRP, un peu éloignées des chasseurs et donc des clusters, du moins on peut l’espérer.
Mais il faut parfois dégager devant un poids-lourd , avec parfois des oreilles pas tellement affutées (je parle des appels proches…) Bref, vaut mieux pédaler sur les chemins de campagne, où on a le temps de renconter des gens charmants !